Comment motiver les élèves à écrire
L’enseignement de l’écriture est probablement la composante la plus difficile d’un programme de littératie. Comment pouvons-nous motiver les élèves à écrire, à développer leur écriture et surtout, à éviter le « syndrôme de la page blanche »?
Bien qu’il soit toujours important pour l’enseignant de noter les différences entre un élève non-motivé et un élève en difficulté ou présentant des défis d’apprentissage, les idées décrites ci-bas peuvent aider dans la progression en écriture de tous les élèves de la classe. Ce sont des idées qui peuvent être adaptées à tous les niveaux scolaires ou d’habileté. Celles-ci sont un point de départ qui peuvent mener à une bonne réflexion sur la façon de présenter les activités d’écriture et les moyens d'appuyer les élèves dans leur écriture quotidienne en salle de classe.
ÉCRIRE À TOUS LES JOURS
Même chez les plus petits, s’assurer que l’écriture fasse partie de la routine quotidienne est une bonne façon de rendre les élèves plus à l’aise avec le fait d’écrire. Prendre des notes, écrire des listes, écrire dans un journal, écrire la date, écrire le titre d’un livre, etc., sont des routines importantes qui permettent aux élèves de développer leur écriture de façon simple et non-intimidante.
ACTIVITÉS PRÉPRARATOIRES À L’ÉCRITURE
Pour éviter les faux-départs ou les pages blanches, il est important de préparer les élèves aux activités d’écriture plus importantes. Avant d’écrire, on peut : faire des listes de mots, discuter en petits groupes, faire un dessin, etc. Écrire « à sec », sans réflexion ou préparation n’est pas idéal pour les élèves, surtout pour ceux qui sont plus réticents à écrire.
DISCUSSION ORALE EN PREMIER
James Britton, pédagogue britannique reconnu et souvent cité dans les ressources pour enseignants a dit : “Reading and writing float on a sea of talk”. En effet, il est difficile de bien écrire ce que l’on n’a pas dit oralement, surtout chez l’enfant en développement. Le fait de pouvoir parler du sujet d’écriture avant d’écrire aide l’élève à trouver un vocabulaire plus précis, à formuler des phrases complètes, et à trouver des idées. En travaillant, à l’oral, avec un partenaire avant d’écrire, un élève peut s’inspirer de l’autre et avoir la chance de formuler des idées et des phrases avant de prendre un crayon. Lorsqu’un élève est réellement «bloqué», l’enseignant peut s’assurer de « faire parler » l’élève en situation individuelle avant qu’il ou elle ne commence à écrire. En fait, l’enseignant peut revenir plusieurs fois si nécessaire, pendant la tâche.
OFFRIR DES CHOIX
Une très bonne façon de motiver les élèves à écrire est de leur offrir des choix. On peut offrir le choix du sujet, on peut offrir le choix du types de texte (livre, histoire, lettre, chanson, menu, etc), on peut même offrir le choix du papier sur lequel écrire! Si le sujet est précisé, alors on peut laisser choisir l’angle abordé par le texte. Par exemple, si les élèves écrivent un texte sur un livre quelconque, les choix de sujets peuvent être reliés au thème, aux personnages, au lieu, etc. Lorsqu’un élève peut faire des choix, il y a plus de chance qu’il s’approprie la tâche, qu'il ait des idées, qu'il se mette à l’ouvrage et qu'il soit fier de son travail.
TÂCHES AUTHENTIQUES
On sait très bien que les tâches d’écriture en salle de classe ne peuvent pas toujours être authentiques. Cependant, elles devraient l'être le plus souvent possible, car l’implication et la motivation des élèves est très présente lorsque la tâche est authentique!
Voici des exemples:
On fait une pièce de théâtre? Alors on prépare des cartes d’invitation à envoyer aux autres classes et à la direction.
On lit un livre en groupe-classe? On écrit des lettres/des courriels à l’auteur.
On visite une cabane à sucre? On envoie des remerciements.
On prépare une expérience en sciences? On écrit les directives afin que la classe d’à côté la réalise aussi.
On veut améliorer la cour d'école? On écrit des lettres de demandes de commandites aux compagnies de la région.
On veut améliorer quelque chose dans la communauté? On écrit une lettre au maire ou au conseil.
On veut changer quelque chose dans l'école? On écrit une lettre à la directrice de l'école.
Lorsque les enfants savent que l’intention d’écriture est réelle, il y a une magie qui s’opère!
ÉCRITURE AVEC UN PARTENAIRE
Écrire avec un partenaire peut donner de l’assurance à celui ou celle qui n’est pas certain de ses habiletés, de ses idées ou qui ne sait tout simplement pas comment commencer… On peut demander aux élèves de partager UN crayon. Ainsi, après avoir discuté, un élève écrit la première phrase du texte. Après une phrase, c’est l’autre partenaire qui prend le crayon. Il est possible pour l’élève qui n’a pas le crayon de parler, de guider et d’aider sans pour autant écrire. J’ai souvent vu des élèves plutôt réticents à écrire, avoir le sourire tout le long d’un texte à deux!
PARLE, DESSINE, ÉCRIT
Chez les plus jeunes, une activité qui fonctionne très bien et qui aide tous les élèves à écrire QUELQUE CHOSE est celle-ci :
- Regarde l’image et décris-là, à l’oral (en groupe, avec un partenaire).
- Fais un dessin de ce que tu vois (donner un temps limite de 4-5 minutes).
- Écris quelque chose pour décrire l’image (donner à nouveau un temps limite).
Il est plutôt rare qu’un élève ne réussisse pas à écrire quelque chose, même si très simple, lors d’une telle activité.
SUPPORTS VISUELS
Offrir des supports visuels constants en salle de classe, ce n’est pas « tricher ». Loin de là! En tant qu’adulte, nous utilisons nous-même des dictionnaires, des auto-correcteurs, des aides à l’écriture. Il va de même pour les jeunes apprenants! Il est important d’avoir à la disposition des élèves des supports visuels variés qui peuvent supporter le développement de leurs textes et de leurs habiletés en écriture : des murs de mots (alphabétiques ou thématiques), des « débuts de phrases », des listes de verbes, des idées de sujets, etc.
Il est important de noter que de tels supports sont encore plus efficaces lorsqu’ils sont créés par le groupe classe. C’est-à-dire que les élèves ont participé à la création des ressources visuelles. Ces listes prennent aussi un aspect plutôt organique en changeant, grandissant alors que les besoins des élèves changent.
On peut aussi songer à offrir à certains élèves des supports individuels qui rencontrent leurs besoins précis. Ils peuvent conserver ses ressources dans un dossier d’écriture, ou sur leur table, afin de les avoir à la portée de la main lorsque nécessaire à un travail d’écriture.
ATELIERS EN PETIT GROUPE
Les ateliers d’écriture en groupe-classe ou en petits groupes ciblés, sont un autre moyen de motiver les élèves à écrire. Les ateliers brefs et simples, qui pratiquent ou revoient un but d’écriture précis, sont très efficaces auprès des élèves et peuvent souvent redonner confiance à un élève qui se sentait dépourvu ou qui faisait face à une page blanche. Après une mini-leçon, les élèves sont souvent motivés et prêts à relever le défi lancé.
Le livre 40 mini-leçons efficaces pour enseigner l’écriture, par Lori Jamison Rog chez Chenelière Éducation est une excellente ressource pour un enseignant qui cherche de nouvelles idées ou qui en est à ses débuts en enseignement de l’écriture.
PROCESSUS D'ÉCRITURE
1) Préécriture: C'est le moment où l'élève pense et planifie son écriture.
2) Rédaction: C'est le moment où l'élève écrit son brouillon.
3) Révision: Ici, l'élève relit et cherche le sens. Il développe le cœur de l'histoire. Il change, ajoute et biffe des mots.
4) Correction: C'est à ce moment que l'élève utilise ses outils de correction pour corriger le texte.
5) Publication: L'élève écrit son texte au propre ou le tape à l'ordinateur et le présente. Je leur donne le choix de présenter à un ami, à un groupe d'amis, à la classe ou à leurs parents.
Si vous avez d'autres idées pour motiver les élèves à écrire, n'hésitez pas à les ajouter des les commentaires. 🙂